woensdag, december 19, 2007

Statistiquement incorrect : L’intégration économique de l’immigration : une illusion



Les sociétés occidentales développées sont gouvernées par la primauté de l’économique sur le politique ; leur réussite se mesure à l’aune de la croissance de leurs richesses ; elles ont en partage l’idéologie du libre-échangisme mondial qui repose sur le principe de la liberté de circulation des capitaux, des marchandises et des hommes, dans le but d’obtenir la meilleure allocation des ressources possible.

Dans cette perspective, l’immigration est souvent présentée comme une nécessité pour permettre l’expansion des économies locales et faire face aux différents besoins de main-d’œuvre des entreprises. De façon plus globale encore, certaines études – de l’ONU notamment – justifient les migrations vers les pays développés par la nécessité de compenser le vieillissement de leur population et de maintenir un ratio actifs/inactifs suffisamment élevé.

Enfin le travail est présenté comme l’un des éléments de la réussite de l’intégration des immigrés à leur société d’accueil.

Néanmoins, cette vision majorative de l’immigration économique se heurte à la réalité des faits, comme le montrent les études sur les taux de chômage différentiels par origine, à travers les exemples français et britannique.

Explications :

1/ Chômage étranger en France : trois fois celui des nationaux

Beaucoup de résidents étrangers et de Français d’origine immigrée (nés de parents étrangers) participent au processus de production ; toutefois, la proportion de chômeurs parmi ces catégories reste significativement plus élevée que pour le reste de la population française.

Taux de chômage en France selon la nationalité

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– Français 8,30%

– Etrangers de l’Union européenne 7,40%

– Etrangers hors Union européenne 25,10%

(Source : INSEE. Enquête emploi‑2002)

Ainsi le taux de chômage des étrangers hors Union européenne est trois fois supérieur à celui des Français.

L’analyse détaillée par nationalité montre des écarts encore plus forts.

Taux de chômage par groupe de nationalité
pour les 30/39 ans
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– Europe du Sud
(Espagnols, Italiens, Portugais)* : 13,00%

– Maghreb
(Algériens, Marocains, Tunisiens)* : 36,20%

– Autres nationalités d’Afrique
(ex Colonies françaises) 36,80%

– Turcs : 31,60%

– Vietnamiens, Laotiens, Cambodgiens : 26,40%

* Moyenne des moyennes de chaque pays.
(Source : INSEE. Recensement de la population 1999.)

Ainsi il apparaît que le taux de chômage est trois fois plus fort pour les ressortissants du Maghreb et de l’Afrique que pour les ressortissants du sud de l’Europe.

2/ La 2e génération immigrée connaît le même surchômage que la 1re

Ce surchômage de la première génération se reproduit à la seconde génération puisque le taux de chômage des jeunes dont les parents viennent du Maghreb est deux fois supérieur à celui des jeunes Européens.

Taux de chômage au bout de cinq ans de vie active
des jeunes*
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– « Natifs » (Les deux parents sont nés en France) 10,40%

– Un des parents né en Europe du Sud : 12,60%

– Un des parents né au Maghreb : 21,10%

* Jeunes entrés dans la vie active en 1998.
(Source CEREQ. Enquête génération 1992 et 1998.)

3. Une intégration économique de moins en moins bonne des populations étrangères et d’origine étrangère non européenne

Un processus d’intégration doit s’analyser dans la durée. Or les statistiques révèlent que plus le temps passe moins l’intégration économique fonctionne.

Taux de chômage comparé
(Chômeurs en % de la population active)
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1975 1982 2002 2003

– Français « Natifs » : 3,80% 8,40% 8,30% 10,40%

– Etrangers issus de l’Europe du Sud
(« Nés d’un parent né en
Europe du Sud ») : 3,30% 8,80% 13,00% 12,60%

– Etrangers issus du Maghreb
(« Nés d’un parent né
au Maghreb ») : 5,60% 18,40% 36,00% 21,10%

(Source : Pour 1975 et 1982 recensements. Moyenne des moyennes par nationalité. Pour 2002 et 2003 Tableaux précédents.)

L’évolution dans le temps de la situation du groupe Français et de « natifs » (nés en France de parents nés en France) et des Européens du Sud est strictement comparable.

En revanche, la situation économique des étrangers originaires du Maghreb se dégrade. Par rapport à la situation des Français leur taux de chômage est une fois et demie supérieur en 1975, deux fois plus fort en 1982, quatre fois plus élevé en 2002.

Et vingt ans plus tard, la situation de la deuxième génération issue d’un parent maghrébin reproduit strictement celle de la première : son taux de chômage est deux fois plus élevé que celui des jeunes Européens, de la même façon que celui de ses parents était deux fois plus élevé que celui des Français au début des années 1980.

Il y a donc une logique systémique d’échec de l’intégration économique des immigrés hors Union européenne, et singulièrement d’origine africaine ou maghrébine.

Ces faits sont incontestables, même si les interprétations susceptibles d’en être données peuvent diverger. Il est ainsi possible d’évoquer :

  1. l’attitude discriminatoire des employeurs français ; explication la plus couramment avancée ;
  2. la moindre adaptation de certaines populations immigrées aux emplois proposés, voire leur moindre productivité moyenne ; à cet égard, on ne peut passer sous silence le fait que l’Algérie, qui cumule fort chômage et émigration massive, ait recruté 40.000 travailleurs chinois (payés quatre fois plus que les travailleurs algériens) pour réaliser son programme de construction de logements financé par ses ressources pétrolières ;
  3. un arbitrage différent selon les populations entre participation à l’économie de production et jouissance de l’économie de rente.

Toutefois il serait injuste d’imputer exclusivement la responsabilité de cette situation à l’attitude et au comportement des Français, pas plus qu’on ne pourrait l’imputer à leur modèle social d’intégration ou à leur modèle économique d’Etat Providence, puisque des phénomènes comparables sont observables en Grande-Bretagne : à la différence de la France, ce pays a adopté clairement une logique communautariste de gestion de ses minorités et pratique un libéralisme économique sans complexe.

4/ Grande-Bretagne : surchômage des Bengalis, des Pakistanais et des Noirs

A la différence de la France, la Grande-Bretagne publie des statistiques ethniques. Celles-ci font apparaître, au regard du chômage, de fortes différences de situation selon les minorités concernées.

Taux de chômage par groupe ethnique
en Grande-Bretagne en 2005
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– Blancs d’origine : 4,40%

– Indiens d’origine : 6,80%

– Pakistanais et Bengalis d’origine : 15,00%

(Source : National statistics. Hommes et femmes. Décembre 2004 à novembre 2005.)

Les Pakistanais et les Bengalis ont un taux de chômage plus de trois fois supérieur à celui des Blancs.

Les Indiens ont aussi un taux de chômage supérieur à celui des Blancs, mais l’écart de l’ordre de 50% est beaucoup plus faible.

Taux de chômage des jeunes hommes de moins de 25 ans
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– Blancs : 12,00%

– Africains noirs, Noirs des Caraïbes,
Pakistanais et métis : de 25% à 31%

– Bengalis : 40,00%

(Source : National statistics. Décembre 2003 à novembre 2004.)

Le modèle britannique et le modèle français sont très différents. Et pourtant on observe les mêmes problèmes d’intégration économique des immigrés. L’intégration des Noirs et des musulmans se faisant mal dans les deux cas, à la différence des immigrés de l’Europe du Sud en France et d’Inde en Grande-Bretagne. Dans les deux pays la situation est particulièrement critique s’agissant des jeunes immigrés noirs ou musulmans dont plus du tiers se trouve sans emploi.

Jean-Yves Ménébrez
© Polémia via Iskander nieuwsbrief
30/08/07

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